Sur un fond de photos, cartes, certificats, étoile jaune, la voix du réalisateur énonce la biographie rapide de son grand-père. En 1945, le Lutetia accueillait les déportés de retour et Henri Wolff, comme beaucoup, cherchait ses proches disparus. Échafaudages géants, murs éventrés, moulures brisées : le film a été tourné pendant les travaux de rénovation du palace - « C’est vraiment magique ce moment où les coutures apparaissent ».
Dans leur intérieur actuel, des messieurs et dames âgés se remémorent leur arrivée en ce lieu, aspergés de DDT, douchés, questionnés, alors qu’ils ne voient rien, ne comprennent pas la réalité.
En 2014, le Lutetia vend ses trésors, tout s’envole, jusqu’au moindre objet : le luxe fait toujours rêver. En parallèle, les mots de Simone Veil, Marguerite Duras, Olga Wormser disent : « regard creux, bêtes survivantes, odeur fade de la mort ». Au fil des mois les couloirs retrouvent leur rutilance, les lustres leur lumière. Henri Wolff et tant d’autres familles s’avancent jusqu’au seuil et scrutent les visages, les photos…
SOUVIENS-TOI LUTETIA
Un film de
Guillaume Diamant-Berger